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Les jardins pluviaux

Les eaux de ruissellement provenant de la pluie, de la neige et de la fonte de la glace sont souvent un problème en milieu urbain. Cette eau parfois contaminées par les matériaux urbains (huiles, sels et métaux lourds) avant de se retrouver rapidement dans les réseaux d’égouts puis dans les ruisseaux, rivières et cours d’eaux où elle peut avoir un effet néfaste sur la qualité de l’eau, l’habitat aquatique et l’environnement.

Pourquoi ne pas utiliser ces eaux de ruissellement pour irriguer les terrains engazonnés et les parcelles végétales plutôt que d’utiliser l’eau d’aqueduc potable pour le faire?

C’est l’objectif visé par les jardins pluviaux, ou jardins de pluie. Ces jardins visent à utiliser les eaux de ruissellement afin d’irriguer des plantes adaptées aux accumulations d’eau, mais aussi à certaines périodes de sécheresse, et surtout à laisser le temps nécessaire à l’eau de s’infiltrer correctement dans le sol.

La planification d’un jardin pluvial

1- Distance des habitations et des constructions. Pour ne pas causer de dommages aux habitations et constructions (fosses septiques), le jardin pluvial doit en être suffisamment éloigné. Quatre mètres suffisent normalement. De plus, il est judicieux d’éviter de placer le jardin pluvial au-dessus de canalisations ou de câbles souterrains.

2- Déviation de l’eau vers le jardin pluvial. Pour diriger l’eau vers le jardin pluvial, le terrain doit être légèrement en pente, ou un bassin peu profond peut être creusé. La pente ne doit par contre pas être trop abrupte pour faciliter la mise au niveau du bassin : une inclinaison de moins de 12 % convient normalement.

3- Infiltration de l’eau dans le sol. L’eau doit s’infiltrer lentement dans le sol du jardin pluvial, et ne pas s’accumuler en permanence. Optimalement, l’eau devrait réussir à s’infiltrer dans le sol en deux jours. On peut faire un essai avant la construction du jardin en creusant un trou dans le sol et en y versant une quantité précise d’eau afin de voir combien de temps l’eau mettra pour s’infiltrer. Si l’infiltration est trop lente, souvent en raison d’une teneur en argile supérieure à 10 %, on peut excaver la couche de sol des vingt centimètres supérieurs, ameublir le sol, et y mélanger des matériaux plus poreux comme du sable, du gravillon ou des matières organiques. De plus, la surface du jardin devrait se trouver à au moins 1 m au-dessus de la nappe phréatique. On peut vérifier la hauteur du niveau de la nappe phréatique en creusant une fosse étroite mais profonde par temps sec et en regardant le niveau de l’accumulation d’eau à l’intérieur. On peut aussi s’informer auprès de sa municipalité.

4- Dimensions du jardin pluvial. La profondeur du bassin peut varier selon le type de sol qu’on y retrouve. Dans les sols où l’eau s’infiltre lentement, on peut prévoir un bassin moins profond pour éviter que l’eau ne s’accumule trop, c’est-à-dire une profondeur de près de 8 cm. Dans les sols où l’eau s’infiltre plus rapidement (sableux ou graveleux), le bassin peut être plus profond pour obtenir une certaine accumulation d’eau, c’est-à-dire une profondeur allant jusqu’à 15 cm. Concernant la superficie optimale du jardin pluvial, on peut essayer de la calculer en tenant compte de différents critères :

  • la surface de captage de l’eau de ruissellement en mètres carrés (sur les surfaces dures comme le toit, l’entrée et le patio) ainsi que sur le gazon où l’eau s’écoulera avant d’arriver au jardin (en y ajoutant 20 %). Par exemple, on pourrait obtenir une surface de captage de 100 mètres carrés;
  • la quantité d’eau moyenne prévu par 24 heures dans votre région, en s’informant auprès de votre municipalité ou sur le site d’environnement canada (varie généralement entre 5 et 25 mm par 24 heures). Par exemple, on pourrait obtenir un objectif de 20 mm par 24 heures;
  • On multiplie la surface de captage (en mètres carrés) par la quantité d’eau prévue par 24 heures (en mètres) pour obtenir la quantité de mètres cubes d’eau que le jardin pluvial devra gérer. Par exemple, 100 mètre carrés x 0,02 m = 2,5 mètres cubes d’eau par 24 heures.
  • On doit ensuite tenir compte de la vitesse d’infiltration de l’eau dans le sol pour connaître la superficie optimale du jardin. Si le sol permet à 15 mm d’eau de s’infiltrer par heure, cela équivaut à 0,36 m d’eau par 24 heures. En divisant la quantité d’eau prévue par la capacité d’infiltration du sol, on obtient par exemple : 2,5 mètres cubes / 0,36 mètres = 6,94 mètre carrés.

Ces calculs sont approximatifs puisqu’ils utilisent des moyennes annuelles. Il se peut donc que vous ayez à augmenter la superficie de votre jardin pluvial suite aux premiers événements de fortes pluies ou de fonte des neiges. Un système de débordement peut aussi être prévu, sous forme de rigole, afin de diriger l’eau supplémentaire vers une zone sans risque.

5- Forme du jardin pluvial. Afin d’optimiser le captage des eaux de ruissellement, il est conseillé de construire le jardin pluvial de manière à ce qu’il soit deux fois plus long (perpendiculairement au ruissellement) que large. Autrement, le style de la parcelle, qu’elle soit arrondie, rectangulaire, ou sinueuse, n’est qu’une question de goûts.

6- Le choix des végétaux et des pierres. Ces choix dépendent de vos goûts personnels, mais les plantes doivent tout de même être choisies en fonction de leur tolérance aux accumulations d’eau, et aux courtes périodes de sécheresse. De plus, les plantes indigènes sont souvent beaucoup plus faciles d’entretien. Il peut aussi être intéressant de tenir compte des périodes de floraison des différentes espèces végétales utilisées pour que le jardin pluvial soit esthétique durant toute la saison de croissance. Par contre, veillez à éviter les plantes envahissantes problématiques au Québec. Les jardins pluviaux peuvent être aménagés au printemps lorsque les plants sont transplantés directement dans le jardin, ou à l’automne lorsqu’on procède par ensemencement (graines). Les deux méthodes sont conseillées, mais l’ensemencement, bien que moins coûteuse que l’achat de plantules à transplanter, entraîne une implantation plus lente des végétaux, pouvant aller jusqu’à trois ans dans certains cas.

Voici quelques exemples de différents types de jardins pluviaux :

L’entretien d’un jardin pluvial formé de plantes indigènes

Durant l’implantation des végétaux, il pourrait être nécessaire d’arroser le jardin à quelques reprises en périodes sèches afin de promouvoir les meilleures conditions de croissance pour vos plantes, et de désherber manuellement si les mauvaises herbes tentent de prendre le dessus. Par la suite, le jardin devrait s’auto-entretenir naturellement.